Bonjour à toi, ami Misfit.
Comme promis la semaine dernière, je vais aujourd’hui te raconter l’histoire financière derrière la création de Happy Misfits.
Tout a commencé début 2022 à la mort de ma grand-mère. Pas la peine de s’appitoyer, je ne la connaissais pas. Enfin, je savais que j’avais une grand-mère toujours en vie, mais on ne se connaissait pas et je ne la portais pas dans mon cœur.
À défaut d’être une mamie aimante, son compte en banque était en bonne santé. Mon père (son fils) étant mort et la loi française étant ainsi faite, j’ai récupéré la place de mon paternel dans l’ordre de succession de l’héritage.
J’étais alors développeur web et gagnais relativement bien ma vie. Mais la somme qui m’est revenue dépassait de loin ce que j’aurais pu imaginer mettre de côté même en une décennie (il faut aussi dire que je vis à Paris et que mettre de côté n’est pas si évident 👀).
Une question s’est alors posée : que faire de tout cet argent ?
La réponse de la société et de probablement 80% de mes amis paraissait évidente : l’immobilier. Acheter. Sauf que le misfit (ça veut dire marginal en anglais au cas où t’aurais pas suivi) en moi n’en avait aucune envie. Je n’avais jamais contemplé ce projet et je n’aimais pas ce que je voyais en l’imaginant.
Tout mettre pour avoir un toit “à moi” et poursuivre ma vie de développeur avec pour seule satisfaction la fierté de pouvoir me proclamer propriétaire ? Chacun ses rêves, je ne juge pas ceux dont cette idée peut en constituer un, mais je ne suis pas cette personne.
J’ai donc poursuivi ma quête d’une utilité pour tout cet argent. C’est alors que Jérémy Huet, scénariste de Ascendant’s Demon (première histoire courte qui sera distribuée via cette newsletter, plus d’infos à ce sujet dans cet épisode de notre newsletter et sur notre compte instagram) et surtout un ami de bon conseil, a prononcé les mots que j’avais besoin d’entendre sans le savoir : “Si tu ne t’en sers pas pour la bd, tu ne la fera jamais.”
Par “la bd”, il entendait Who Wants To Be God. Le projet le plus ambitieux de la courte histoire de Happy Misfits Publishing. J’en ai déjà un peu parlé ici-même, sur le compte insta de la boîte et y reviendrais plus en détail prochainement. Mais pour la faire simple, il s’agit d’une histoire dont le pitch m’est venu en 2015 alors que je servais des Latte à Starbucks, qui ne m’a pas quitté depuis et a pris sa forme définitive lors du premier confinement.
Un projet de longue date qui n’avait pas vu le jour pour une raison simple : l’argent. Who Wants to Be God n’est pas une bd, mais 11 bd, chacune dessinée par un(e) artiste différent(e), chacune une pièce différente d’une même histoire. Près de 300 pages d’histoire. À moins de s’en remettre à l’IA, faire dessiner autant de pages a un coût. Un coût que jusqu’alors je ne pouvais me permettre de mettre de ma poche.
J’avais donc la solution. J’allais enfin financer cette histoire qui me tient tant à cœur. Mais ce n’était pas suffisant. J’avais toujours ce sentiment que profiter seul de cette manne d’argent tombée du ciel n’était pas “juste”.
Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que si je pouvais financer mes propres projets, je pouvais aussi le faire avec ceux des autres. J’ai toujours eu une mauvaise image du monde de l’édition (plus à ce sujet dans l’épisode précédent), et au fil de mes rencontres avec diverses personnes talentueuses qui partageaient ce sentiment, j’ai développé la conviction que faire les choses différemment à l’ère du numérique était possible. Faire dans la bd ce que Xavier Niel avait fait dans la téléphonie avec Free. Faire bouger les lignes. Rémunérer les auteurs justement. Mettre en avant des projets qui n’entrent dans aucune case.
Mais jusqu’alors ces idées ne relevaient au pire que du fantasme, au mieux d’élucubrations d’homme ivre en soirée.
J’ai donc décidé de prendre un risque. De parier sur mes convictions et le talent des misfits que j’avais (et allais) rencontrer en cours de route.
Et nous y voilà.
J’ai investi une part conséquente de mon héritage dans ce projet. La somme exacte est une information publique : 70 000 €. En fonction de comment on se positionne cela peut paraître beaucoup ou peu. En tous cas, pour financer tous les projets que nous préparons actuellement dans l’ombre, tout va très vite y passer.
Après ça, j’imagine que tout dépendra de la réception du public à ce que nous avons à proposer.
Pour rester dans le thème de l’argent, la semaine prochaine je reviendrai sur où exactement va tout cet argent et sur ce qui adviendra du tiens si tu décides de payer pour nos œuvres à l’avenir.
En te souhaitant une agréable semaine, ami Misfit.
Steeve Aubert
Président de Happy Misfits Publishing